Science : avec ou sans conscience ?

A l’époque du covid, la science nous « sauve » grâce à la vaccination mais nous « emprisonne» avec le pass sanitaire. Quelqu’un avait mis des mots sur ce phénomène paradoxal avec les mots d’aujourd’hui, il y a 50 ans.  Il s’agit de Bernard Charbonneau (1910-1996), illustre inconnu pour beaucoup de personnes mais non moins illustre, une pensée féconde car en avance sur son temps. Jacques Ellul lui doit beaucoup!
Pour lui rendre hommage en cette période troublée de « gouvernement par la technique » qu’il n’a cessé de craindre, voici un petit extrait de son ouvrage « le système et le chaos » édité pour la première fois en 1973. La lecture des événements actuels qui tendrait à mettre face à face les tenants de la vaccination et les tenants du doute voire du non-alignement n’est que l’écume des choses.

« La science a amélioré la condition des masses mais elle leur ôte chaque jour un peu plus l’autorité et le pouvoir qu’elle concentre aux mains de spécialistes. Tout pour le peuple, rien pour le peuple : telle est la devise de la démocratie scientifique. La science, nous l’avons vu, est toujours en tension avec la liberté parce qu’elle est science de la nécessité ; elle est contradictoire à l’égalité parce qu’elle est le privilège des savants. Si l’on y prend garde, le progrès des sciences aboutira insidieusement à une société où ni les personnes ni le peuple n’auront rien à dire.
La science en effet menace la démocratie dans son fondement même : la liberté et l’égalité de la connaissance. L’individu comme le peuple est libre d’agir parce que libre de connaitre ; mais l’un et l’autre ne se sont libérés de la connaissance révélée que pour mieux se livrer à une connaissance scientifique qui les domine d’encore plus haut. Les progrès de l’instruction, qui devaient permettre à tous d’accéder au savoir, ont couru en vain après ceux de la science. Son énormité, son abstraction et sa complexité grandissante dépassent la personne ; elle ne peut être que le fait d’une humanité impersonnelle. A plus forte raison dépasse-t-elle le petit d’homme ; là est le drame profond d’un enseignement qui doit choisir entre une formation scientifique spécialisée réservée aux meilleurs sujets et une culture générale bâclée donnée au plus grand nombre_ et le choix est dicté d’avance. L’univers moderne se refuse à la personne, en lui refusant tout d’abord le droit de le dominer par une vue synthétique. Penser, (et quelle pensée mériterait ce nom si elle n’était pas libre vue d’ensemble ?) ne peut plus être aujourd’hui que le fait d’un naïf ou d’un fou ; ou encore d’un gauchiste, car l’idéologie totalitaire est le complément des sciences spécialisées. Cette raison que le siècle des lumières avait cru donner à tout homme est aujourd’hui un paradoxe ; et seul est habilité à en user qui éprouve ce paradoxe au plus profond de l’être. En écrivant ce livre, j’ai choisi d’être fou exprès. » (page 30, Edition Sang de la Terre) #covid#science#science#formationThibaud Brière

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