C’est un truisme de parler de crise du management. Malgré les velléités de réforme du management au sein de l’académie mais aussi au sein des entreprises, force est de constater que les résultats ne sont pas à la mesure des attentes. L’humanisme verbal se heurte inexorablement au principe de réalité, c’est-à-dire un management toujours réduit à sa plus petite expression : minimisation des coûts et maximisation des gains quel que soit le prix à payer par ailleurs : humain, social, sociétal, environnemental. Ainsi, la crise du coronavirus révèle les externalités négatives et les conséquences néfastes de la mise sous management d’un certain nombre d’inducteurs de la crise parmi lesquels, la biodiversité, la recherche et la santé. En effet, le seuil de retournement des fameuses « bonnes pratiques » dont on ne questionne plus la pertinence (bonne pratique pour qui, pourquoi ? dans quelle mesure ? quand ? comment ? …) du moment où elles permettent l’action « efficace » au service de l’utilité économique, semble avoir été atteint. Dès lors, une véritable réforme du management passera par la transformation de la balance des pouvoirs entre l’efficacité technique et l’humain social afin de faire émerger un management situé, ancré dans le contexte des actions, prenant en compte le réel du travail et permettant de ne pas perdre le sens des ensembles. Cela consiste à produire des innovations managériales explicitement orientées (IMEO) afin d’inventer un management qui « permet de mieux vivre ».
Article à retrouver dans la Revue Question(s) de Management
https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-3-page-61.htm