Aucune transformation du travail et de son management n’est possible sans un effort décisif : ✔️moins de ppt (PowerPoint) et plus de PPT (Parole Partagée sur le travail). La parole, souvent maltraitée voire même humiliée disait jadis Ellul, reléguée au rang de forme désuète de communication pour reprendre l’expression d’Yvon Rivard et remplacée au premier accroc par une note, une image ou un slide, demeure pourtant la seule capable de tenir ensemble le travail réel et les transformations qu’on lui impose. On la croit fragile, bavarde, lente mais c’est elle qui éclaire l’invisible, rend dicible l’effort, régule les tensions, soigne les blessures. Ironie de l’histoire : dans un monde saturé de prothèses technologiques, la parole, outil archaïque au sens premier du terme, demeure, volens nolens, indispensable pour une performance à la fois soutenable et productrice de santé.

Dans un monde où la « transformation » est devenue un mot d’ordre récurrent, beaucoup d’organisations se contentent de plaquer des méthodes ou des modèles importés, comme si le management relevait de recettes universelles. Qui se souvient que le management par objectifs est né de la culture américaine, façonnée par l’individualisme, le contrat et le court terme ? Que l’open space est lui aussi un produit de cette même culture, valorisant la transparence et l’horizontalité ? Et pourtant, on en vient à croire que ces pratiques seraient neutres en contexte français… Illusion persistante. Or, ignorer la culture nationale et ses freins invisibles (valeurs implicites, rapports au temps, au collectif, à l’autorité, à la parole, au risque…) revient à nier le terrain même sur lequel la transformation doit s’enraciner. C’est, en somme, vouloir faire d’une poule un aigle.